L’église

Comme la plupart des églises, celle de Tréon est placée sous le patronage d’un protecteur qui au ciel intercède auprès de Dieu pour ses frères qui accomplissent leur chemin sur la terre.

Ici, il s’agit de Saint Blaise qui fut évêque de Sébaste en Arménie et mourut martyr en 316 le corps lacéré par des peignes de fer, servant à carder le chanvre. Le saint s’illustra par de nombreux miracles en particulier celui de l’arête de poisson qui contribua grandement à sa popularité. Ses hagiographes rapportent qu’un jour, une femme amena son fils qui souffrait atrocement d’une arête de poisson qui s’était malencontreusement plantée dans sa gorge et qu’on ne parvenait pas à extraire malgré tous les efforts et la science des médecins. Blaise prit deux cierges allumés que la mère du garçon avait fait bénir à la Chandeleur, les croisa et en touche la gorge du malade qui fut aussitôt délivré. Ce miracle valut à Saint Blaise de devenir un saint guérisseur que l’on invoque tout naturellement pour les maux de gorges, depuis les plus bénins comme le hoquet jusqu’aux plus graves comme la diphtérie.

Il est le patron des cardeurs, peigneurs et arçonneurs de laine mais aussi des porchers en raison du miracle qu’il fit en forçant un loup à rendre un cochon qu’il avait pris à une pauvre veuve dont il était l’unique bien. Il est fêté le 3 février.

L’église faisait partie d’un prieuré dépendant de l’abbaye Saint père de Chartres, et aurait été édifiée entre 1076 à 1080. Le chevet et le portail occidental présentent toutes les caractéristiques du style roman. Cet édifice comme beaucoup d’autres dans la région bénéficia d’aménagements durant la période de retour à la paix qui suivit la guerre de 100 ans. De cette époque (Xvème et XVIème siècles) datant la tour, le transept, ainsi que la grande fenêtre percée au-dessus du portail de la façade.


Architecture extérieure :

On aborde l’édifice pour le sud-est ce qui permet de découvrir immédiatement le chevet qui est assurément la partie la plus ancienne. Le roman apparaît ici dans son authenticité exempte de toutes modifications ultérieures. L’abside arrondie est percée de 3 fenêtres surmontées d’une fine arcade décorée d’un rang de billettes, élément décoratif typique de l’époque.

Vous y remarquerez, scellées dans la maçonnerie, plusieurs petites têtes sculptées, il pourrait s’agir d’anciens modillons destinés primitivement à soutenir une corniche et réemployés à titre décoratif. En longeant le flanc sud, on parvient à une haute chapelle percée d’une vaste fenêtre au réseau flamboyant, avec sa sœur jumelle s’ouvrant sur le côté opposé elle forme un faux transept. Au-dessus d’elles s’élève le clocher constitué d’une massive souche de pierre servant de base à une large flèche d’ardoises pyramidale. Le mur sud de la nef présente toute une série d’ouvertures de style et d’époques différents : 2 fenêtres romanes en plein cintre semblables à celles de l’abside, 2 fenêtres en arc brisé d’époque gothique et une grande baie à réseau de pierre tout à fait flamboyante.

Au-dessus de la petite porte latérale vous pourrez remarquer une pièce de bois scellée dans la maçonnerie ornée d’un visage d’homme barbu très finement sculpté. La façade possède un ensemble d’ouvertures dont la diversité des styles trahit les nombreux remaniements que l’église connut au cours des siècles. Au rez de chaussée, le portail situé en contre-bas par rapport au niveau actuel est un bel exemple d’architecture romane du XIIe s. Il est flanqué de deux colonnes supportant des chapiteaux à décor de feuillages très stylisé, et surmonté de trois cordons de voussures, deux en forme de tore et le dernier décoré de billettes dans l’esprit de celles des fenêtres du chœur. Il est surmonté de deux étages de baies : une grande fenêtre flamboyante du XVe s, puis deux lancettes du XIIIe s. Tout autour de l’édifice se devine les traces d’une litre funéraire : .longue bande armoriée peinte sur les murs à l’occasion des funérailles du seigneur du lieu.


Description intérieure :

En entrant, apparaît immédiatement la grande différence existant entre la nef et le chœur. La nef haute et large est couverte d’un bardeau de bois. Le chœur plus bas et étroit est voûté en pierre et se termine par une abside en cul de four typiquement romane. Romans également, les deux chapiteaux coiffant les piliers situés à l’entrée du chœur, leurs corbeilles sculptées représentent à gauche la désobéissance d’Adam et Ève et à droite un visage entouré de deux palmettes. A l’articulation de la nef et du chœur ont été ajoutées à la fin du XVe s deux grandes chapelles voûtées d’ogives formant un transept.

Mobilier :

Au fond de la nef, un tableau représente sainte Anne, la mère de la Vierge. Sur le mur sud est accrochée une toile figurant Samson et Dalila. Dans la nef se dresse un banc d’œuvre du XVIIIe s, il comporte une banquette qui était réservée aux fabriciens chargés de l’administration des biens de la paroisse.

Au-dessus des deux autels latéraux on peut voir des statues représentant saintBlaise patron de l’église et saint-Pierre .A l’entrée du chœur, s’élève une poutre de gloire sur laquelle seul subsiste le Christ en croix, la Vierge et Saint Jean qui traditionnellement l’entourent ayant malheureusement disparu. Sur les murs séparant la nef du transept, on peut voir une statue de la Vierge à l’enfant et une autre du célèbre saint- Eloi (XVIIIe s) ministre de Dagobert, évêque de Noyon, patron des forgerons et des orfèvres. L’église conserve quelques fragments de vitraux du XVIe s répartis aux tympans des cinq baies situées dans le bras nord du transept, dans la nef et la façade (classés M.-H.) Restaurés après la dernière guerre mondiale, ils représentent notamment Dieu le Père portant la tiare pontificale, la décollation de Sainte Marguerite, une Vierge à l’enfant provenant d’un arbre de Jessé.



CLOCHE MARIE-MARGUERITTE

Diamètre : 900 mm
Poids : 427 kg
Date : 1717
Classée Monument historique depuis le 17 novembre 1908
Fondeur : B. DUBOIS, LEFEBVRE et HANRIOT

Inscriptions :

1ère ligne : + LAN 1717 IAY ÉTÉ BENITE PAR MRE PIERRE LE CIRER CVRE DE TREON ET NOMME MERIE MARGUERITTE PAR IACQVES

2ème ligne : ROBILLARD RECEVEUR GAL ET PROVR FISCAL DV DOMAINE POVR ET AV NOM DE HAVT ET PVISSANT SEIGR MESSRE LOVIS

3ème ligne : VERIVS CHER MARQVIS DE CRECY ET DE TREON BARON DE COVVE SEIGR DV BOVLAY LES DEVX EGLISES LE MENILLET FORTI

4ème ligne : SLE LE BREVILLAU MONETTE & C GOUVERNEVR ET LIEVNT GENAL PR SA MAIESTE DE LA PROVINCE ET CONTE DV TOVLLOIS ET

5ème ligne : PAYS ET DEPENDANT BRIGADIER DES ARMEES CV ROY COLONEL DV REGIMENT DE BOVIONOIS INFANTERIE & G ET PAR CATHER

6ème ligne : INE LE SIRIER PR ET AV MON DE HAVTE ET PVISSANTE DAME MARIE MARGUERITTE DE RATABON VEVVEDE HAVT ET PVIST

7ème ligne : SEIG MESSIRE LOUS VERIVS CHEVER COMTE DE CRECY MARQVIS DV DIT TREON ET AVTVS LIEVX CONSEILELR DETAT & C

8ème ligne : B DVBOIS & LEFEBVRE & HANRIOT MONT FAICT ET POVR ETIENNE LIONNET & IACQUES ROBILLARD MARGVILLIERS

On remarquera quelques coupures de mots et quelques fautes d’orthographe.

Gravures :

Effigie sur pied de Saint Eloi, le patron de fondeurs de cloches, Christ en croix avec décor de rinceaux sur un piédestal, vierge à l’Enfant, et un médaillon rond perlé avec les armoiries de Louis Verjus de Crécy.


CLOCHE MARIE-ALICE

Offerte par les paroisses de Tréon et Aunay-sous-Crécy.
Elle donne le ré.

Diamètre : 595 mm
Poids : 124 kg
Date : 1945

Inscriptions :

S. S. PIE XII étant Pape
J’ai été bénite en 1945
par S. Exc. Mgr HARSCOUET, Evêque de Chartres
J’ai été offerte par le Paroissiens
de Tréon et Aunay-sous-Crécy
à Notre-Dame de Tréon
en action de grâces des 11 juin, 13 juin et 15 août 1944
MARIE-ALICE
Louis Bollée, fondeur de cloches à Orléans.

Gravures :

Une croix, la Vierge, les Armes du Saint Siège

CLOCHE DITE DE LA LIBÉRATION


CLOCHE MARIE-ANNE-ARMANDE

Don des paroissiens de Tréon et Aunay-sous-Crécy
Elle donne le fa

Diamètre : 500 mm
Poids : 100 kg
Date : 1945

Inscriptions :

La générosité des fidèles
de Tréon et d’Aunay
m’a appelée à la vie
J’ai été bénite en 1945
par Mgr HARSCOUET, Evêque de Chartres
S. S. PIE XII glorieusement régnant.
J’ai été offerte à Notre Dame de Tréon
pour la remercier de sa protection très spéciale
de l’année 1939 à l’année 1945
MARIE-ANNE-ARMANDE
Louis Bollée, fondeur de cloches à Orléans.

Gravures :

Christ en croix, la Vierge, un ostensoir


LA PROTECTION DE  NOTRE-DAME AU XX SIECLE

Pendant la guerre 1939-1945, Tréon se trouvait sur une ligne aérienne suivie par les avions anglais et américains. Plusieurs batteries de DCA se trouvaient aux environs. Signalons les batteries de la plaine de Garancières, celle de Garnay, celle de Marville-Moutiers-Brûlé, celle d’Imbermais, celle du Gibet dont souvent les feux se croisaient au-dessus du village de Tréon.

Les catholiques aiment à reconnaître que Notre-Dame de Tréon a protégé leurs foyers pendant la période d’intensité aérienne. Trois faits précis :

Le samedi 11 juin 1944 :

Une bombe tombe près de l’église de Tréon sans éclater, alors que seize vitraux sur dix-sept venaient d’être refaits récemment.

Le lundi 13 juin 1944 :

A sept heures et demie, départ de trente-cinq hommes de Tréon et d’Aunay réquisitionnés pour des travaux sur le camp d’aviation de Dreux. A leur arrivée à Garnay survient le plus violent bombardement de l’aérodrome.  Deux victimes parmi les hommes de Garnay. Les bombes crapauds tombent tout proche et au milieu des paroissiens de Notre-Dame de Tréon, tous rentrent sains et saufs.

Le mardi 15 août 1944 :

Vers quatorze heures trente a lieu la libération de Tréon.

Pour proclamer les bienfaits de Marie, les catholiques décident d’offrir à leur église deux nouvelles cloches.

C’est pourquoi « Maire-Alice », dite « la cloche de la Libération » porte sur ses flancs les trois dates mémorables.


LES VITRAUX

L’église de Tréon possède plusieurs fragments de vitraux de l’époque renaissance.

Dans l’un d’eux on relève une date : 1545.

Parmi ces fragments faisons mémoire d’un « père éternel » qui se trouve dans la verrière de la chapelle de la Vierge. En haut d’une fenêtre à deux lancettes, située au-dessus du joli proche roman, on voit une « Vierge  et l’Enfant Jésus » qui autrefois firent partie d’un arbre de Jessé.

Dans la verrière à trois lancettes, proche de l’autel de Saint Pierre, certain archéologues croient reconnaître dans deux anciens fragments le martyre de Sainte Margueritte et la tentation du Christ au désert.

Citons encore trois fragments que nous voyons dans la fenêtre au-dessus de la statue de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus : deux évêques y sont représentés ainsi qu’une Vierge avec deux livres.

En 1942, les catholiques ont offert deux grands vitraux : l’un représentant Saint Blaise, patron de la paroisse, l’autre Saint jean L’Evangéliste.

En 1943, ont été posés le vitrail du Christ Prêtre et celui dédié à la Vierge.

En 1945, le vitrail de Saint Paul est offert en souvenir de la captivité des enfants de Tréon et d’Aunay-sous-Crécy.


LE MOBILIER

Statue de Sainte Barbe :
Statue de pierre taillée datant du 1er quart du 14ème siècle

Statue : un seigneur :
Statue en bois taillée datant du 15ème siècle

Statue de Saint Eloi :
Statue en bois taillée datant du 17ème siècle

Statue : Vierge et l’Enfant
Statue en terre cuite peinte datant de la première partie du 17ème siècle

Deux autels latéraux avec lambris de revêtements, tabernacle, colonnes, autels et statues  :
Meubles en bois taillé et peint datant du 17ème siècle

Tabernacle en bois taillé, peint et doré datant du 18ème siècle

Fonts baptismaux en pierre peint datant du 17ème siècle

Tableau : l’éducation de la Vierge

Tableau : Calvaire datant du 17ème siècle

Tableau : Samson et Dalila datant du 17ème siècle

Tableau : le Christ au jardin des oliviers datant du 17ème siècle

Tableau : la Vierge et l’Enfant datant du 17ème siècle